Weekend escapade aux US : Detroit
Avant notre grand départ, nous désirions faire une dernière escapade dans un coin des US qu’on ne connaissait pas. Shahnaz connaissait déjà Chicago où elle va régulièrement pour le boulot mais pas moi. C’est apparemment une très belle ville mais bon, à part quelques particularités, certainement une autre métropole nord-américaine. Nous avons finalement opté pour Detroit.
Detroit ? Mais pourquoi s’exclamèrent la majorité des gens à qui nous en parlions. Oui, pourquoi ? Detroit, c’est le symbole de la ville américaine en déclin, avec son taux de chômage qui crève le plafond, ses buildings abandonnés, une maison sur deux ou sur trois incendiée (tentative désespérée pour toucher quelques dollars de l’assurance ou passetemps pour jeunes qui s’ennuient), des routes si dégradées qu’elles feraient passer celles de Wallonie pour des billards… bref la zone !
Et pourquoi pas Detroit ?
Premièrement, il y a Harry : ami de longue date de Shahnaz, et qui lui faisait du lobby depuis des années pour qu’elle vienne découvrir sa ville natale.
Ensuite, Detroit, et on a tendance à l’oublier, c’est une ville qui a connu un passé fastidieux : elle fut, a une époque, très riche ; le fleuron de l’industrie automobile américaine mais également une ville dont la musique a influencé le pays et également le monde. Berceau de la soul musique et du légendaire label Motown dont le plus célèbre ambassadeur fut Michael Jackson. Mais également ville d’Aretha Franklin, de Stevie Wonder, de Madonna, et d’Iggy Pop parmi d’autres… Excusez du peu !
Et puis Detroit, c’est aussi la ville qui a vu naitre la Techno ! Ça ne parle peut-être pas à beaucoup d’entre vous car je vous parle d’un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre… Oui, je n’hésite pas à faire le lien entre Aznavour et la techno, car si ça se trouve, au train où l’on va, on écoutera bientôt Jeff Mills sur Nostalgie. En tous cas, pour moi la techno, ça représente une bonne partie de la bande son de mon adolescence et de me retrouver dans la ville où elle est née me donne la chair de poule, mais en BPM.
A gauche, l’affiche du plus fameux (en tous cas à mes yeux) des festivals technos de Belgique : I Techno 1999 (Source de l’image: MixesDB)
Ce qui est également vraiment intéressant avec Detroit, c’est qu’elle a touché le fond et du coup, elle ne peut que remonter, mais pas en empruntant la même voix car l’escalier s’est déjà effondré. Un peu partout dans la ville, on voit donc apparaitre de l’agriculture urbaine. Touchée de plein fouet par la récession économique des 30 dernières années et ayant vu la plupart de ses industries disparaitre, Detroit se réinvente via l’agriculture. Petit à petit, la ville démolit les maisons abandonnées et en ruine dans l’espoir de rendre les faubourgs moins craignos et afin de réduire l’exode de sa population – et peut être même d’attirer de nouveaux habitants en quête d’un nouveau départ.
On peut y acheter une maison pour 3 francs, 6 sous et pas à pas, les voisins réapparaissent, des communautés voient le jour et les lopins de terre abandonnés se transforment en jardins communautaires, comme par exemple Beaverland Farms (photo à droite). Les liens se tissent et la population (surtout les plus démunis) regagne accès à une nourriture plus saine, abondante, et presque gratuite.
Finalement, Detroit, c’est aussi la ville qui a vu naitre la marque de vêtements Carhartt. Et ça aussi ça me parle, car c’est depuis mon adolescence ma marque préférée de vêtements vu leur très bonne qualité (j’ai toujours des vêtements achetés il y a 15 and et encore en bon état), très prisée par la scène alternative et par les skateurs/surfeurs. A une époque, il n’était pas rare de me voir habillé en Carhartt de la tête aux pieds
; j’avais même décoré mon Wall (Honda Wallaroo – mobylette) avec le logo et le nom de la marque (voir photo ci-dessous). Ce que je ne savais pas, c’est qu’à la base, Carhartt est une marque de vêtements de travail et que c’est donc pour ça qu’ils sont de si bonne qualité. Tout cela, je l’ai découvert en visitant le magasin officiel de Detroit et en ai donc profité pour me procurer quelques vêtements pour notre tour du monde et pour travailler dans les fermes que nous visiterons. Exit la chemise et la cravate, je suis de nouveau paré de mes vêtements préférés, et l’histoire n’est pas prête de s’arrêter !